Hydradénite suppurée ou maladie de Verneuil 

L’hydradénite suppurée ou maladie de Verneuil est une maladie chronique fréquente (1% de la population) dont les causes restent inconnues.

Ce n’est pas une maladie qui met en cause le pronostic vital mais qui nuit gravement à la qualité de vie et dont l’évolution reste imprévisible.

Le diagnostic repose sur la présence des lésions typiques (nodules, abcès, fistules, cicatrices fibreuses et comédons ouverts), de leur localisation typique(régions axillaires, mammaires, inguinales et périnéo-fessière) et sur leur caractère chronique et récidivant.

En cas de doute diagnostique, vous pouvez réaliser un prélèvement bactériologique de l’écoulement d’une des lésions et vérifier l’absence de pyogène. 

Diagnostic

Le diagnostic repose sur la présence des lésions typiques (nodules, abcès, fistules, cicatrices fibreuses et comédons ouverts), de leur localisation typique(régions axillaires, mammaires, inguinales et périnéo-fessière) et sur leur caractère chronique et récidivant.

1. Anamnèse :

  • Antécédents familiaux : La maladie peut être héréditaire, il est donc important de vérifier s’il y a des cas similaires dans la famille.
  • Historique des symptômes : Les patients rapportent souvent des nodules douloureux, récurrents, parfois accompagnés d’abcès, qui évoluent depuis plusieurs mois ou années.
  • Récidive des abcès : Fréquence et nombre des poussées inflammatoires, ainsi que la durée des épisodes.
  • Douleur et impact fonctionnel : Les patients décrivent souvent une douleur importante qui peut restreindre leurs mouvements ou activités.
  • Antécédents de traitements : Les traitements déjà utilisés (antibiotiques, chirurgie, etc.) et leur efficacité.
  • Facteurs aggravants : Obésité, tabagisme, et lien avec les cycles menstruels ou des fluctuations hormonales.

2. Inspection des lésions cutanées :

L’examen physique met en évidence plusieurs types de lésions caractéristiques de l’hydradénite suppurée :

  • Nodules inflammatoires sous-cutanés : Ces lésions douloureuses apparaissent souvent dans les aisselles, l’aine, les fesses, la zone péri-anale ou sous les seins.
  • Abcès douloureux : Les abcès peuvent être ouverts ou fermés. Ils sont souvent récidivants et s’infectent parfois secondairement.
  • Fistules : La formation de canaux reliant la surface de la peau aux abcès profonds est une caractéristique de la maladie avancée. Ces fistules peuvent drainer du pus.
  • Cicatrices : Avec la chronicité de la maladie, des cicatrices épaisses ou fibreuses se forment, parfois avec des tracts sinueux sous la peau.
  • Comédons : Présence fréquente de comédons multiples ou doubles dans les zones affectées.

3. Localisation des lésions :

  • Régions caractéristiques : L’hydradénite suppurée affecte principalement les zones riches en glandes sudoripares apocrines, telles que :
    • Les aisselles.
    • L’aine.
    • La région péri-anale.
    • Les fesses.
    • Sous les seins chez les femmes.
  • Symétrie des lésions : Les lésions sont souvent bilatérales.

4. Palpation :

  • Douleur à la palpation des nodules et abcès : La sensibilité est souvent élevée, particulièrement lors des poussées aiguës.
  • Présence de tracts sous-cutanés : La palpation permet de détecter les fistules sous-jacentes ou les sinus formés sous la peau.

5. Évaluation de la sévérité :

Plusieurs outils sont utilisés pour évaluer la sévérité de l’hydradénite suppurée, notamment la classification de Hurley :

  • Stade I (forme légère) : Présence de nodules isolés, sans formation de fistules ou cicatrices.
  • Stade II (forme modérée) : Lésions récurrentes avec formation d’abcès et de fistules, mais avec des zones de peau relativement saine entre les lésions.
  • Stade III (forme sévère) : Présence de multiples abcès et fistules interconnectés, touchant de grandes zones de la peau, avec des cicatrices importantes et des fistules complexes.

Epilation laser et maladie de Verneuil

L’épilation au laser peut être bénéfique dans la prise en charge de l’hydradénite suppurée (maladie de Verneuil) pour plusieurs raisons, principalement en raison de son impact sur les follicules pileux, qui jouent un rôle clé dans le développement des lésions inflammatoires. Voici les principaux avantages de l’épilation laser dans le traitement de cette maladie :

1. Réduction de l’inflammation :

  • L’hydradénite suppurée est souvent déclenchée par une obstruction des follicules pileux, suivie d’une inflammation des glandes sudoripares. L’épilation laser cible ces follicules, les détruisant partiellement ou totalement, ce qui réduit la probabilité de leur blocage et, par conséquent, l’inflammation.
  • En éliminant la pousse des poils dans les zones à risque (aisselles, aine, fesses), on diminue l’irritation mécanique due au rasage ou à l’épilation traditionnelle, ce qui réduit les risques de microtraumatismes favorisant les abcès.

2. Réduction des récidives :

  • L’épilation au laser, en éliminant les poils et les follicules pileux, peut limiter le développement de nouvelles lésions inflammatoires. Cela est particulièrement utile chez les patients souffrant de récidives fréquentes.
  • Les études ont montré que l’épilation laser peut réduire la fréquence et la gravité des poussées, notamment dans les zones où les glandes sudoripares apocrines sont nombreuses.

3. Diminution des infections secondaires :

  • En réduisant la présence de poils, il y a moins de risque d’accumulation de sueur et de bactéries dans les follicules, ce qui diminue les chances d’infection secondaire des abcès.
  • Moins de poils signifient également moins de points d’entrée pour les bactéries, ce qui peut aider à prévenir la surinfection des lésions.

4. Alternative à d’autres formes d’épilation traumatisantes :

  • Les méthodes d’épilation traditionnelles (comme le rasage ou l’épilation à la cire) peuvent causer des microtraumatismes cutanés, aggravant l’inflammation chez les patients atteints d’hydradénite suppurée. L’épilation laser, en éliminant la nécessité de se raser ou de s’épiler régulièrement, réduit cette irritation répétée.

5. Réduction de la douleur et amélioration de la qualité de vie :

  • En réduisant le nombre de lésions inflammatoires, de nodules douloureux et d’abcès, l’épilation au laser peut contribuer à diminuer la douleur et l’inconfort associés à la maladie. Cela peut améliorer la qualité de vie des patients, tant sur le plan physique que psychologique.

6. Types de lasers utilisés :

  • Laser NdYAG: Ce laser est souvent préféré pour l’épilation chez les patients atteints d’hydradénite suppurée en raison de sa capacité à pénétrer plus profondément dans la peau, ce qui permet de mieux cibler les follicules pileux tout en réduisant les risques de complications pour les peaux plus foncées.

7. Résultats progressifs et durables :

  • L’épilation au laser nécessite généralement plusieurs séances pour obtenir une réduction significative des poils. Toutefois, une fois que les follicules sont suffisamment endommagés, la repousse est réduite, ce qui diminue les risques de nouvelles poussées sur le long terme.

8. Limites et précautions :

  • Traitement complémentaire : L’épilation laser est souvent un traitement complémentaire à d’autres interventions médicales (comme les antibiotiques, la chirurgie ou les immunosuppresseurs). Il ne remplace pas les traitements médicaux de fond de l’hydradénite suppurée.
  • Cicatrices et lésions ouvertes : Le traitement au laser peut ne pas être approprié si la zone à traiter présente des lésions actives ou des abcès ouverts. Dans ces cas, il est nécessaire de traiter d’abord l’inflammation aiguë.
  • Risque de pigmentation : Chez les patients à peau foncée, il existe un risque de modifications de la pigmentation après l’épilation laser. Un laser adapté à leur phototype est donc crucial.

En résumé :

L’épilation laser présente plusieurs avantages dans la prise en charge de l’hydradénite suppurée, en réduisant les poussées inflammatoires et les infections secondaires tout en diminuant l’irritation cutanée due aux méthodes d’épilation classiques. Bien qu’elle ne guérisse pas la maladie, elle contribue à en diminuer l’impact et à améliorer la qualité de vie des patients.

Etiologie

L’étiologie de l’hydradénite suppurée (ou maladie de Verneuil) est encore mal comprise, mais elle est considérée comme multifactorielle, impliquant des éléments génétiques, immunologiques et environnementaux. Voici les principaux facteurs étiologiques identifiés :

1. Facteurs génétiques :

  • Il existe une prédisposition génétique à l’hydradénite suppurée. Environ un tiers des patients ont des antécédents familiaux de la maladie, ce qui suggère un lien héréditaire. Des mutations dans des gènes liés à l’inflammation ou aux réponses immunitaires peuvent jouer un rôle.

2. Obstruction des follicules pileux :

  • L’une des principales théories étiologiques est que la maladie commence par une obstruction des follicules pileux dans les zones riches en glandes sudoripares apocrines (aisselles, aine, fesses, sous les seins). Cette obstruction entraîne la rupture des follicules, provoquant une réaction inflammatoire et la formation de nodules et d’abcès.

3. Réponse immunitaire anormale :

  • L’hydradénite suppurée est associée à une réponse immunitaire dysfonctionnelle. Les patients présentent souvent une inflammation chronique avec une surexpression de certaines cytokines pro-inflammatoires (comme le facteur de nécrose tumorale alpha – TNF-α). Cette hyperréactivité immunitaire conduit à la formation de lésions cutanées inflammatoires.
  • L’inflammation peut également favoriser la formation de fistules et de cicatrices importantes.

4. Déséquilibres hormonaux :

  • La maladie de Verneuil survient principalement après la puberté, ce qui suggère une influence hormonale. Les hormones sexuelles, notamment les androgènes, pourraient jouer un rôle dans l’activation des glandes apocrines et la modulation de la réponse inflammatoire.
  • Les femmes sont plus fréquemment touchées, et la maladie peut s’aggraver pendant les cycles menstruels ou la grossesse.

5. Facteurs environnementaux et de mode de vie :

  • Tabagisme : Le tabagisme est fortement associé à l’hydradénite suppurée. Il est considéré comme un facteur de risque majeur, probablement en raison de son effet sur la microcirculation cutanée et l’inflammation.
  • Obésité : L’obésité est un facteur aggravant. L’excès de poids entraîne un frottement accru des zones touchées, exacerbant l’inflammation.
  • Hygiène et friction cutanée : Bien que la maladie ne soit pas due à un manque d’hygiène, le frottement des vêtements ou des plis cutanés peut aggraver les lésions.

6. Microbiome cutané :

  • Les patients atteints d’hydradénite suppurée ont souvent une colonisation bactérienne secondaire, en particulier par Staphylococcus aureus ou Streptococcus, mais les bactéries ne sont pas la cause directe de la maladie. Cependant, les infections bactériennes peuvent aggraver les abcès existants.

En résumé, l’hydradénite suppurée est probablement due à une interaction complexe entre des prédispositions génétiques, des facteurs hormonaux, une réponse immunitaire exagérée, et des facteurs environnementaux comme le tabagisme et l’obésité. Cette combinaison de facteurs entraîne une inflammation chronique et récurrente des follicules pileux et des glandes sudoripares.

Traitements

Le traitement est difficile et non consensuel. Il dépend de l’importance des dégâts existants et de l’évolutivité inflammatoire/infectieuse exprimée en fréquence d’exacerbations, de douleurs, de suppurations et des attentes du patient. Dans une grande majorité des cas, il sera intéressant d’adresser le patient chez un dermatologue et parfois chez un chirurgien viscéral dans le cadre d’une prise en charge pluridisciplinaire. 

L’hydradénite suppurée étant une maladie chronique, les traitements visent à contrôler les symptômes et à réduire les poussées inflammatoires.

  1. Traitements médicaux :
    • Antibiotiques (oraux ou locaux) pour traiter et prévenir les infections. Les traitements locaux tels que les antiseptiques et les antibiotiques sont peu efficaces en raison de la profondeur des lésions. Une antibiothérapie générale basée sur une association amoxicilline-acide clavulanique (1g 3 fois par jour) ou pristinamycine (1g 2 à 3 fois par jour) doit être utilisée pour traiter les poussées et essayer d’enrayer l’évolution des nodules en abcès. Un traitement par doxycyline (100 à 200mg par jour) au long cours à visée anti-inflammatoire peut retarder les récidives.
    • Rétinoïdes (médicaments dérivés de la vitamine A) pour diminuer l’inflammation.
    • Immunosuppresseurs (comme les inhibiteurs de TNF) pour les cas plus graves.
    • Anti-inflammatoires pour contrôler la douleur et l’inflammation.
  2. Chirurgie :
    • Incision et drainage des abcès. L’incision et le drainage des abcès peuvent également être réalisés. Il s’agit d’un geste simple, qui ne nécessite pas une hospitalisation. Il permet l’évacuation du pus et un soulagement temporaire de la douleur. Il n’empêche cependant pas les récidives. Ils entraînent souvent une cicatrisation anormale avec un trajet fistuleux qui peut favoriser la chronicisation des lésions. Un geste d’exérèse complémentaire « à froid » doit le plus souvent être réalisé.
    • Exérèse chirurgicale des tissus affectés dans les formes sévères et récurrentes. Cela peut inclure l’ablation des glandes sudoripares touchées.
    • Laser CO2 pour éliminer les lésions récalcitrantes.
  3. Modifications du mode de vie : Il faut insister sur les mesures hygiéno-diététiques visant les facteurs d’aggravation : surpoids/obésité et tabagisme. 
    • Perte de poids et arrêt du tabac peuvent réduire la gravité des symptômes.
    • Hygiène rigoureuse et vêtements amples pour réduire l’irritation cutanée. Il faut éviter les phénomènes de macération en adoptant une hygiène stricte, un séchage soigneux des plis et le port de sous-vêtements peu serrés et en coton. Les longs trajets en voiture, surtout l’été, la position assise prolongée sans mobilisation ne sont pas recommandés. Les déodorants, surtout les sticks et les billes qui s’utilisent avec appui prononcé sur les aisselles, le rasage et l’épilation sont habituellement déconseillés (preuves de faible niveau).

Le premier rôle du médecin généraliste est d’expliquer la maladie et son évolution prévisible. Il existe des associations et des organisations (RésoVerneuil, Soldiarité Verneuil…) où le patient peut trouver des explications supplémentaires et du soutien.

Docteur THANACODY Michaël

Médecine esthétique et laser

Biolaser.fr

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Note: Veuillez noter que cet article est fourni à titre informatif uniquement et ne remplace en aucun cas une consultation médicale ou professionnelle. Consultez toujours un professionnel de la santé qualifié avant d'entreprendre tout traitement pour votre peau.